La première chose à faire face à ce sujet est de l'analyser. Pour cela, on repère les mots clés et les connecteurs logiques.
Ça donne :
"Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée" écrit Jean-Paul Sartre. Vous discuterez cette affirmation en vous demandant si le rôle de la littérature est de dénoncer.
Ces 3 mots sont les mots importants. La relation entre plume et épée montre que Jean Paul Sartre est un écrivain engagé. Ensuite, on remarque que "epée" fait partie d'une métaphore et qu'elle est associée à "dénoncer". Enfin, le mot "discuterez" signifie que notre réponse sera nuancée.
On dégage maintenant la problématique. Elle guidera tout le devoir.
On peut choisir la problématique la plus simple, celle qui saute aux yeux :
Le rôle de la littérature est-il de dénoncer ?
Ou on peut, idéalement, faire ressentir la tension et la nuance à apporter à notre dissertation :
La littérature est-elle nécessairement synonyme d'engagement ?
On peut déjà deviner les 3 axes sans avoir mis à plat nos idées. En effet, le mot "nécessairement" de la problématique et "discuterez" du sujet, permettent de construire un plan dialectique :
I- Le rôle de la littérature est de dénoncer
II- Cependant, la littérature comporte d'autres fonction
III- La littérature peut dénoncer tout en ayant une autre fonction
Maintenant que nous avons nos axes de posés, on se pose tranquillement pour noter toutes les idées qui nous passent par la tête. Les références les auteurs, les citations, les courants, les époques et surtout les oeuvres.
D'après ma prof de français, notre brouillon devrait donner ça :
I- Le rôle de la littérature est de dénoncer
a) Argumentation explicite
- Pamphlet : le discours sur le colonialisme, Césaire, 1955
- Encyclopédie : les lumières
- dialogue : supplément au voyage de bougainville, diderot
- Essais : essais de montaigne
- Lettres ouvertes : zola "j'accuse"
b) Argumentation implicite
- conte philo' : candide de voltaire
- fables : la fontaine
- théâtre : grande comedie de molière
- skecthe : pierre desproges
- des tableaux, des films ....
Concernant l'introduction, elle doit contenir une accroche, ensuite on reformule le sujet et on l'explique puis on expose la problématique. Enfin, on énonce notre plan.
Les erreurs à ne pas commettre et les conseils :
1. Rédiger toute la dissertation au présent. Bannir le passé simple ! Même les résumés des livres se font au présent.
2. Deux ou trois exemples par sous-partie suffisent. Inutile d'en mettre des tonnes. Au contraire, mieux vaut 3 exemples avec de bonnes explications, de bons résumés (au présent !!), bien démontrer que l'exemple est valable plutôt que de mettre 8 exemples avec une phrase d'explication.
3. Présentation de la copie :
Introduction + première grande partie de ma dissertation (si j'avais été noté, j'aurais sans doute eu 8/10) :
La littérature est utilisée par certains écrivains, de toutes
époques confondues, comme un outil. Elle leur permet notamment de dénoncer des
inégalités et de défendre des causes par le biais de l'argumentation. « Longtemps
j’ai pris ma plume pour une épée », écrit Jean-Paul Sartre, auteur du 20ème
siècle appartenant au mouvement de l’existentialisme. Il met ainsi en évidence
l’idée de combat qui se dégage de la littérature. On peut alors se demander si
la littérature est nécessairement synonyme d’engagement. Dans une première partie,
nous étudierons à travers différentes formes comment la littérature permet de dénoncer puis nous verrons que le rôle de la littérature ne doit pas se
limiter à cette seule fonction enfin notre étude portera sur les multiples facettes de la
littérature qui lui permettent d’allier combat et divertissement.
Le rôle de la littérature peut être de dénoncer. En effet, en employant une argumentation implicite ou explicite, les auteurs s’élèvent, à travers leurs écrits, contre des faits
Tout d’abord, une argumentation directe est basée sur des genres littéraires sérieux et une stratégie argumentaire convaincante. De nombreux auteurs appartenant à diverses époques, se sont engagés dans la défense d’idées et de valeurs qui ont marqué leur temps. Prenons l’exemple de la colonisation, fortement critiquée au siècle des Lumières et encore de nos jours. Supplément au voyage de Bougainville est un dialogue fictif écrit par Diderot en 1796 dans lequel il s’oppose vivement à la politique coloniale de la France à travers la voix du vieux tahitien. Ce dialogue est une arme redoutable pour faire réfléchir les européens sur les nouvelles civilisations qu’ils rencontrent, à la fois différentes par leurs mœurs mais égales par leur humanité. Afin de faire adhérer le lecteur à sa thèse, Diderot se glisse dans la peau d’un personnage de crédit qui dresse un violent argumentaire contre Bougainville, un explorateur français. Dans ce dialogue, il blâme l’Europe et les colonisateurs en général en utilisant une stratégie argumentative élaborée. En effet, les questions rhétoriques, les phrases exclamatives ou encore l’impératif sont utilisés afin de critiquer le colonialisme et ses impacts sur les populations. Ces procédés sont repris par Aimé Césaire son pamphlet Le discours sur le colonialisme publié en 1950. L’auteur y dénonce avec force, l’implantation coloniale de l’Europe sur des territoires extra-européens ainsi que la violence et les injustices présentes dans les colonies.De même, d’autres écrivains s’engagent dans certaines affaires et défendent ainsi des personnes ou des principes. Zola, dans un article de presse de 1898 écrit « J’accuse … !» une lettre ouverte dans laquelle il prend position dans l’affaire Dreyfus. Son article polémique prend la forme d’une lettre ouverte au président de la République dévoilant ses talents d’orateur. En effet, il y utilise de nombreux procédés oratoires tels que les phrases exclamatives ou les anaphores. Cette lettre est d’autant plus forte qu’il utilise des hyperboles et un vocabulaire riche et agressif portés par un rythme vigoureux et rapide.« Moi, j’écris pour agir », disait Voltaire. Et c’est dans ce même état d’esprit que des auteurs comme Montaigne avec Les essais ou comme Montesquieu et ses Lettres Persanes ont analysé avec soin puis mis en forme de différentes manières un principe à critiquer ou à défendre. Cependant, cette argumentation directe comportait des risques. En effet, Montesquieu n’avoue pas qu’il était l’auteur des Lettres Persanes et Zola fut condamné pour diffamation publique avec « J’accuse .. ! ».
L’argumentation indirecte est une manière de contourner les interdits et d’exprimer librement sa pensée en privilégiant les sentiments dans les écrits. En effet, les auteurs peuvent dénoncer des injustices par le biais d’une morale ou avec des personnages sous forme d’animaux.
Par exemple, Les Fables de la
Fontaine publiées entre 1668 et 1694 sont une sorte d’apologue dans lesquelles La Fontaine fait une critique sociale et
universelle de l’homme à travers les animaux. Les Fables de La fontaine sont les poésies les plus connues du
Classicisme. La portée de l’œuvre est donc importante malgré le fait que ce
genre littéraire ait été rejeté au 17ème siècle. De nos jours, les
Fables de La fontaine sont même étudiées à l’école, son aspect ludique ayant
séduit les plus jeunes. Les Fables de la
Fontaine reposent sur des personnages stéréotypés s’inspirant de personnages
réels et sur l’enseignement que l’on tire de ses histoires. Par exemple, dans
« Le corbeau et le Renard », La fontaine dénonce la flatterie dont
font preuve les courtisans envers le roi ainsi que l’orgueil de celui-ci.
Cependant, ce message est implicite dans l’œuvre. La critique étant détournée, elle
a plus de poids.
Par
ailleurs d’autres apologues, les contes, comme le Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault, maintenant destinés aux
enfants, possèdent eux aussi une morale et critiquent un fait de la société. Perrault
donne des traits humains aux animaux et met en scène une situation afin que
celle-ci aboutisse à une morale. Dans le cas présent, Charles Perrault dénonce,
à travers le personnage du loup, le caractère de certains hommes ainsi que
leurs intentions envers les jeunes filles. Là encore, la portée est d’autant
plus grande que le message est implicite. En effet, aux yeux des enfants, la
morale est de ne pas se fier aveuglément aux gens mais après une étude plus
poussée il s’agit d’un avertissement contre la violence et les abus liés à la
sexualité.
Le conte
philosophique est une sous-catégorie de l’apologue. Le plus connu est Candide de Voltaire, parut en 1759. Il
retrace l’aventure d’un jeune naïf éduqué par des principes Leibnizien, mené
d’un pays à l’autre à la recherche de Cunégonde, sa bien aimée. Le fil
conducteur de ce récit est l’ironie que l’on retrouve dans chaque chapitre. En
effet, la thèse de Leibniz « Tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes possibles » est réfutée et il en ressort de nombreuses morales qui
font de ce compte, un conte philosophique. Parmi celles-ci nous retiendrons
« Il faut cultiver son jardin » qui est une métaphore du savoir,
Voltaire défendant les principes des Lumières.
Cependant,
l’argumentation qui privilégie les sentiments ne contient pas que des genres
possédant une morale. Le genre théâtral est aussi utilisé pour dénoncer les
travers de la société. En effet, dans Les
Femmes Savantes de Molière, il critique habilement le comportement ainsi
que la façon de parler des femmes qui se pensent savantes et éprouvent de
l’admiration pour les gens orgueilleux et sans talents. Il utilise donc
beaucoup d’hyperboles afin de caricaturer ces femmes et ainsi les tourner en
ridicule ainsi que des procédés récurrents au théâtre comme les comiques de
caractère, de situation ou de mot.
Le roman,
longtemps remis en question, est un genre qui peu parfois dénoncer. La Peste, de Camus, parut en 1947,
raconte la vie de personnes touchées par la peste qui sont coupées du monde
extérieur, enfermés dans leur propre ville. Ce roman dénonce la montée du
nazisme. En effet, le nazisme était alors surnommé « La peste brune »
et gagnait du terrain. Il condamne aussi les religieux qui tombent dans l’excès
et une presse qui manipule les informations à sa guise.
Enfin, nous aborderons le genre de la comédie et plus
particulièrement du sketch. Pierre Desproges est un humoriste français réputé
pour son humour noir. Il a écrit notamment Les rues de Paris ne sont plus sures
qui allie dénonciation et humour dans un contexte satirique. En effet, à
travers des personnages très patriotique et raciste il dénonce le racisme qui
s’installe chez les français, envers les arabes. Il conclue son sketch par un
passage décalé dont la tonalité est très différente de celle du reste du
sketch. En effet, à la suite d’un jeu de lumière, il prend un air sérieux pour
expliquer que son ami épicier arabe s’est fait agressé. Les antithèses, les
zeugmas et les insultes prennent part à la dénonciation des préjugés et de la violence qui s’installent peu à peu à Paris.
L’engagement de l’auteur de la littérature n’est pas
facultatif. En effet, La littérature comporte bien d’autres fonctions comme
celle d’instruire ou de divertir.